Bruno Lebon, artiste peintre, vit et travaille à Reims.
Bruno Lebon considère le tableau comme un objet historique, le terrain où s’assemblent des bribes d’histoires nourries d’images issues de la culture populaire et télévisuelle. Des références récurrentes à la bande dessinée, aux cartoons apparaissent : yeux, masques, fragments de têtes, crânes, héros divers, organes, sont autant de matériaux bruts donneurs de sens et d’espaces.
Le tableau n’est pas la suite logique d’une esquisse mais bel et bien un travail de collages aléatoires donnant naissance à un « monstre ». Ce phénomène témoigne d’un lent travail de digestion de la mémoire, soumise à la circulation continuelle des images, des informations agissant comme autant de filtres parasitaires et de miroirs déformants.
D’un abord formel assez organique, le tableau agit en dispositif et s’élabore comme un mécanisme d’horloger, métaphore d’un corps qui doit captiver le spectateur, requérir sa participation active voire même le piéger.
L’usage de la tempera à l’œuf, même si contraignante, offre à Bruno Lebon une liberté d’exécution, permettant de révéler une vivacité de tons, une sophistication des couleurs, un jeu de transparences et d’opacités subtil. La palette utilisée dans ses peintures reste d’influence moderne et plus spécifiquement matissienne, des tons très directs et étendus, pourtant travaillés en fines couches côtoient des tons beaucoup plus complexes, dans un but d’harmonie quasi symphonique.
Il n’est pas question ici de nier cette recherche d’harmonie qui vient habiller, égayer des figures qui ne le sont peut-être pas : cette séduction colorée tient de l’appât. Les pouvoirs illusionnistes de la peinture sont invoqués : autant de trucages dignes d’un Méliès que Bruno Lebon (re)découvre et met en scène pour mieux court-circuiter nos sens.
De ses influences, le peintre puise ses racines lointaines dans le surréalisme du peintre Giorgio de Chirico, des natures-mortes du photographe Irving Penn. Mais pour Bruno Lebon, Philip Guston est la référence première tant par la manière de mener une carrière de liberté, à contre-courant, que par la grande inventivité de son dessin, de sa peinture et de son vocabulaire plastique.
Une citation du peintre américain vient éclairer ce qui est perpétuellement à l’œuvre dans le travail de Bruno Lebon : « Souvent, au moment où l’on est prêt à abandonner, on joue ses dernières cartes. On rajoute quelques touches, on accède à un nouveau type de conscience et on travaille à partir de ce déclic. »